1. Un Etat laïc mais respectueux de la dimension spirituelle de la personne humaine

La laïcité ou la laïcisation de notre canton est non seulement un sujet d’actualité, mais un tournant dans les orientations politiques de nos gouvernants et voulues par le peuple. On pourrait le regretter, mais par respect pour accueillir tout citoyen, quelque soit ses convictions, n’est-ce pas plus égalitaire ainsi! Cet état de fait peut être aussi une opportunité pour les Eglises que nous représentons, afin d’affirmer plus clairement et sans ambiguité, dans une société sécularisée, notre compréhension du monde (voir Christianisme Aujourd’hui, mars 2015, article de F.Lefillatre). Des relations clairement établies avec les autorités y contribueront.

L’ancienne constitution vaudoise avait confié aux Eglises réformée et catholique de ce canton la mission de la transmission de la religion chrétienne.

La nouvelle constitution (art 169) dit que l’Etat tient compte de la dimension spirituelle de la personne humaine. Ainsi elle prend en considération la contribution des Eglises et des communautés religieuses au lien social et à la transmission de valeurs fondamentales.

On ne veut plus de la religion dans l’Etat, mais le souci du conseil d’Etat, en accord, à mon avis, avec le texte biblique de Romains 13, c’est le bien de la population; c’est ”la paix  sociale et religieuse envers l’ensemble des personnes…”(Règl art 7). Dans ce but, un cadre est donné aux Eglises et communautés, ceci par une loi (un partenariat         contractuel) en rapport, non pas à la spiritualité des personnes, mais à l’intégration sociale des communautés pour que le but soit respecté.

Dans cette perspective, la FEV peut poursuivre sa demande de reconnaissance avec assurance. De plus, cela correspond tout à fait à ses objectifs (art 2 de ses statuts: “Développer des relations constructives avec les pouvoirs publics”).

2. Participer à la transmission de valeurs fondamentales

Pour rappel, c’est ce que demande l’Etat aux Eglises et communautés.

Si nous voulons répondre à l’ordre du Christ d’être sel et lumière, nous devons être reconnus en effet comme de ceux qui contribuent à transmettre dans la société des valeurs fondamentales. Or comment transmettre sinon en agissant concrètement dans les milieux séculiers.

Voici 3 exemples:

  • La reconnaissance fera que l’Etat et les communes sont tenus de consulter les communautés pour tout projet qui les concerne (Règl art 16).
  • La reconnaissance permettra d’excercer l’aumônerie dans les milieux hospitaliers et pénitentiers  de plein droit aux côtés des Eglises réformée, catholique et de la communauté israëlite, et ceci sans chercher à bénéficier du financement de l’Etat. Actuellement, la FEV soutient et finance deux aumôniers FEV dans les hôpitaux du CHUV et des eHnv. Notons qu’il s’agit, actuellement, d’un partenariat qui dépend de la bienveillance de l’EERV et dans un climat de confiance très agréable. Renoncer à cette opportunité de servir dans cette vaste population serait un manque flagrant d’incohérence avec nos buts.
  • La reconnaissance nous permettra de continuer de collaborer dans le média de la Radio Suisse romande (journalisme et cultes). Mais, dans le cas contraire, pour combien de temps pourrons-nous jouir du statut actuel?

3. Conséquences si nous restons sans reconnaissance de l’Etat

Premièrement il faut prendre conscience que la nouvelle législation a modifié sérieusement les rapports de l’Etat avec les Eglises et communautés religieuses.

Deuxièmement, la loi sur la reconnaissance mettra en exergue à l’avenir les Eglises et communautés qui n’ont pas voulu se partenarier avec l’Etat.

La FEV, comme d’autres, sera labélisée “reconnue” ou “pas reconnue”. Dans notre société laïque, ce label va prendre plus d’importance dans nos relations sociales.

4. Changer de mentalité

“Qu’est-ce qu’on va y gagner?” On va y gagner en crédibilité sociale; et ce n’est pas rien par les temps qui courent.

Mais surtout, nous les Evangéliques, ne pourrions-nous pas changer de concept vis à vis de l’Etat pour penser autrement?

Sur le plan matériel, nous bénéficions de multiples bienfaits (écoles, hôpitaux, infrastructures, etc), certes avec la participation de nos impôts. Mais n’avons-nous pas en plus et justement des valeurs fondamentales de société à promouvoir!

Ne pourrions-nous pas laisser de côté la notion de gain au profit de la notion de responsabilité?

Il est temps de changer de mentalité si nécessaire. Nous devons, en tant que groupement d’Eglises, nous engager concrètement à participer aux responsabilités que Dieu a confiées aux autorités politiques (Rom 13 et 1 Tim 2).

Par la reconnaissance, nous pourrons aider, encourager, être solidaire avec l’Etat dans sa mission originelle.

5. Le risque de perdre notre liberté religieuse

Les propos de Mme Métraux ont été clairs. L’Etat ne s’intéresse pas à la spiritualité des personnes, mais à l’intégration des communautés dans la vie sociale de la population.

Par ailleurs, les Eglises institutionnelles et la communauté juive, ne subissent aucune restriction d’ordre spirituel à notre connaissance.

Conclusion

Pour toutes ces raisons et elles ne sont pas exhaustives, je vous recommande d’aller de l’avant pour finaliser notre demande de reconnaissance. Le chemin est encore long, mais c’est maintenant, le devoir de la FEV d’avoir une vision et un coeur pour notre peuple.

Olivier Cretegny
président de la FEV

Quelques arguments en faveur de la demande de reconnaissance d’intérêt public

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